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– Regroupez-vous ! Ne les laissez pas s'approcher des gardes ! Formation serrée, frères !
Tharos opina du chef, et fit un pas de côté afin de se rapprocher de son camarade. Il pouvait sentir le feu nourri des fusils laser dans son dos cribler les rangs des xenos alors que les Salamanders formaient un périmètre de sécurité autour des humains. Le nombre de pertes chez les Tyranides était juste ahurissant, les survivants devaient alors non pas enjamber mais escalader les cadavres qui s'entassaient devant eux, leur fournissant hélas un couvert naturel. Cela faisait des heures qu'ils étaient sur l'enclume de la guerre, et pourtant, Tharos savait qu'ils n'affrontaient que l'avant-garde de l'armée tyranide. Il avait déjà eu l'occasion de se battre contre la menace xenos, et tant que les créatures colossales qui formaient le fer de lance de l'assaut n'étaient pas arrivées, on pouvait considérer qu'ils ne faisaient que gaspiller leurs munitions. Mais un Salamander ne tombe à court de Prometheum que dans la mort. Leurs réserves étaient démesurées, et sans doute suffisantes pour endiguer la marée de chitine qui déferlait sur eux.
Ils continuèrent à reculer pour resserrer leurs rangs, et bientôt, les armures énergétiques formèrent un véritable mur de céramite verte, impénétrable. C'est à ce moment là qu'il entendit le grondement sourd des Leman Russ se joindre au concert des bolters. Dans une gerbe de chair brûlée et déchiquetée, le premier tir d'obusier marqua le champs de bataille d'un cratère de plusieurs mètres de diamètre, et fut reçut d'une grande ovation de la part des cadets. Tharos sourit derrière son casque. Le moral était déterminant pour l'armée impériale, bien davantage que pour les spaces-marines, véritables machines de guerre dédiées au combat, et à rien d'autre.
Un cri dans la radio déchira le vacarme des armes à feu, et il tourna la tête vers Vrachos, son Sergent, qui se battait non loin de lui.
– Attention ! Rôdeurs !
Tharos put apercevoir le corps sinueux des créatures fouisseuses fondre sur leur position en esquivant avec agilité les bolts meurtriers. Il réagit dans la seconde :
– Bien reçu. Rupture de formation, couvrez-moi !
Le Salamander posa son bolter encore fumant et avec une impulsion titanesque, se rua en avant. Il dégaîna son lance-flamme en récitant les litanies du Primarque dans sa tête :
« Le feu sacré de l'Empereur purifiera l'âme de ceux qui se sont détourné de lui. »
Le premier Rôdeur s'approcha de lui avec une vitesse stupéfiante, en produisant un sifflement suraigu et particulièrement désagréable que ses filtres audio se dépêchèrent de neutraliser.
« C'est dans le feu offert par Vulkan que les xenos expieront leurs pêchés. »
La langue de feu qui sortit du lance-flamme de Tharos engloutit en une fraction de seconde la créature serpentiforme ! Elle se mit à couiner de douleur en se tortillant pour essayer de se libérer de l'emprise du prometheum, mais le liquide inflammable était étudié pour coller à la peau de sa victime. Le Salamander repoussa la torche vivante d'un coup de pied en plein poitrail, et se prépara à recevoir la charge du deuxième.
« La colère des Space-Marines n'est que le reflet du divin courroux de l'Empereur. »
Le lance-flamme cracha de nouveau sa rage flamboyante sur la bête griffue, mais contrairement à la précédente, le feu ne stoppa pas sa course, et elle se jeta sur le space-marine ! Il esquiva l'attaque en roulant sur le côté, mais lorsqu'il se releva, le monstre était déjà sur lui. Impossible d'utiliser le lance-flamme au corps à corps.
« Pour chaque goutte de sang humain versé, un torrent de sang xenos. »
Il dégaîna sa lame de combat de la main droite, et l'enfonça jusqu'à la garde dans la gorge du Tyranide ! Il effectua un mouvement sec du poignet, et la lame tourna dans la chitine comme dans du beurre, décapitant la créature. Son gantelet comme son arme luisaient de sang tyranide alors qu'il s'éloignait du cadavre encore fumant. Il reprit son arme de prédilection, prêt à incinérer le dernier Rôdeur. Il avait disparu.
Tharos fut soulevé dans les airs avec une force incroyable alors que la créature jaillissait du sol, sous ses pieds ! Il retomba sur le ventre, sonné, et tenta de se redresser alors que tous les voyants de contrôle de son armure viraient au rouge pour lui signaler l'état critique de ses fonctions vitales. Il avait prit un sale coup. Le Rôdeur se jeta sur lui alors qu'il était toujours à terre, impuissant.
Un rayon d'énergie surpuissant passa au dessus de Tharos avec le bruit d'un réacteur impérial ! Le Tyranide fut désintégré purement et simplement, ne laissant que la queue et un moignon d'abdomen qui se tortilla encore au sol pendant quelques secondes avant de se figer dans une rigidité cadavérique. La voix de son frère résonna dans son casque.
– A ton service Tharos.
– Merci So'tiras. Je rejoins la formation.
Il recula lentement vers leur position, veillant à ne jamais tourner le dos aux xenos, tout en les arrosant de prometheum s'ils s'approchaient trop près. La ligne impériale renforcée par l'adeptus Astartes ne pliait pas. Le périmètre de sécurité était inviolable, au point qu'aucun cadavre, xenos ou humain, ne jonchaît le sol dans un rayon d'une trentaine de mètres autour des Salamanders.
– Space-marines, restez vigilants. On nous signale une créature fouisseuse de grande taille sur l'auspex.
– Bien reçu, gardes. Salamanders ! Préparez-vous à faire feu, à mon commandement !
Les mots du capitaine de la deuxième compagnie des Salamanders retentirent dans l'air saturé de métal avec une fermeté caractéristique. En'toli était un capitaine de renom, qui avait dirigé plusieurs assauts sur les forces tyranides dans le secteur. C'était aussi lui qui avait commandé la flotte responsable de la destruction de la flotte ruche, et coordiné la défense des villes humaines sur chacun des mondes infectés. C'était un honneur pour Tharos de se battre à ses côtés pour la deuxième fois. La deuxième compagnie était dispersé pour protéger le maximum de personnes que possible, et malgré cela, les pertes humaines, militaires et civiles confondues, étaient graves. Heureusement, les forces impériales avaient commencé à prendre le dessus sur les Tyranides, et l'adeptus Astartes avait pu commencer à se focaliser sur les positions où la situation était critique. Le champs de bataille où se trouvait Tharos et son escouade, ainsi qu'une seconde escouade tactique, était l'une d'entre-elles. Et c'était là que le capitaine En'toli avait décidé de diriger la résistance.
Alors que les armes lourdes étaient chargées, prêtes à ouvrir le feu, le sol se mit à trembler devant eux, et des dizaines d'insectes xenos furent mis à terre, ou projetés dans les airs par l'onde de choc. Le Canon Thunderfire de leur unité avait commencé à marteler le sol avec ses salves Tremor, et rapidement, le Trygon qu'ils avaient repéré sur l'auspex jaillit du sol, désorienté.
– FEU ! Abattez-moi ce monstre !
Le tonnerre que produisirent les armes lourdes de la garde impériale et des space-marines couvrit tout autre bruit pendant une seconde. La créature pourtant immense expira dans l'instant, et s'écroula sur le sol après avoir encaissé pas moins de deux tirs de multi-fuseur, cinq d'obusier, une dizaine de canon-laser et plus d'une cinquantaine de tirs d'autocanon.
– Thunderhawks, débutez le bombardement, on a une dizaine de créatures de la taille d'un Carnifex sur l'auspex.
– Bien reçu capitaine. Bombardement en cours.
La fureur de l'Empereur se déchaîna sur les pauvres xenos alors que les aéronefs commençaient à pilonner la mer de chitine. Peu à peu, l'assaut se fit plus erratique, moins coordonné au fur et à mesure que les créatures synapse de l'armée tyranide se faisaient abattre. Lorsque la nuit tomba, les cafards survivants s'éparpillaient en tous sens, se cachaient derrière les monticules de cadavres, ou se recroquevillaient sur eux-même comme s'ils voulaient entrer en léthargie. Ici et là, le prometheum continuait de brûler, consumant la chair des xenos, vivants ou morts. Bien qu'il serait nécessaire de maintenir une garde permanente durant plusieurs semaines, la menace était éradiquée.
Tharos était encore sur place à brûler des corps sans vie ou agonisants, et marchait d'un pas morne au milieu de mares de sang qui lui collait aux pieds. Il passa devant la gigantesque carcasse éventrée d'un xenos de classe Tervigon, et aperçut un Termagant se débattre dans les fluides vitaux de la bête, complètement désorienté. Le Salamander s'approcha de la créature, la saisit contre lui comme il l'aurait fait d'un enfant, et alors qu'elle tentait vainement d'échapper à son étreinte, il lui brisa les cervicales d'un mouvement sec. Tharos laissa retomber le corps inanimé de la bête, qui tomba sur le sol avec un bruit mat. Il resta immobile, à fixer les cadavres autour de lui. Un bruit de pas résonna à ses oreilles, derrière lui. Il enleva son casque, dévoilant une cicatrice blanchâtre qui courait de sa tempe jusqu'à sa machoîre. Ses traits jeunes n'arrivaient pas à cacher l'immense tristesse qui se lisait sur son visage. On posa une main sur son épaule.
– Ne sois pas si sévère avec toi-même. Tu n'y pouvais rien et tu n'es pas responsable.
– Si ce n'est pas la mienne, alors à qui est-ce la faute ? Est-ce la tienne En'osi ? Ou celle de notre capitaine ?
– Personne n'est responsable de cette atrocité. Nous sommes juste là pour y mettre un terme.
En'osi tenta de prendre Tharos par les épaules, mais celui-ci se dégagea.
– Nous sommes tous responsables ! La mort de cet homme aurait pu être évitée. Et pendant que les gardes fêtent notre victoire, une famille pleure sa mort, tout comme des milliers d'autres familles dans ce secteur ! La vie des humains est un don de l'Empereur, il est de notre devoir de la protéger. Nous avons échoué aujourd'hui.
Son frère ôta son casque à son tour, et le regarda avec tendresse. Ses yeux rougeoyants brillaient au milieu de son visage sombre, buriné par le temps.
– Cela aurait pu être bien pire, Tharos, bien pire. Pense à toutes les vies que nous avons protégé en ce jour, et prie pour ceux qui ont rejoint l'Empereur. Nous nous battrons jusqu'à ce que la lueur qui brille au fond de notre coeur s'éteigne, car nous sommes ses fils, la chair de sa chair, et nous protégerons ce qui doit l'être car nous faisons ce qui est juste.
– Pour l'Empereur...
– … et ses Sujets, termina En'osi d'un ton solennel.
Ils rejoignirent le Thunderhawk qui devait les emmener jusqu'à leur croiseur, en orbite. Le reste de leur escouade les attendait avec la patience propre à leur Primarque. Pas un seul d'entre-eux ne chercha à savoir la raison de leur retard, car tous savaient l'importance que revêtait pour eux la vie d'un homme. Et particulièrement pour Tharos. Ils s'installèrent en silence, puis Vrachos sortit de la cabine pour leur parler. L'aéronef décolla lentement pendant que ses mots résonnaient dans l'habitacle.
– Je suis fier de vous, space-marines. La défense de cette position a été un franc succès, et elle l'a été grâce à vous. Notre capitaine, En'toli, a tenu à ce que je vous félicite tout particulièrement. Il a très apprécié la prestation de notre escouade, et je pense que nous n'avons pas à rougir de notre performance devant notre Primarque, et devant l'Empereur.
Il baissa alors la voix, et reprit d'un ton plus grave :
– Aujourd'hui, nous déplorons la mort du garde répondant au nom de Peter Marco. C'est la seule perte que les xenos nous aient infligée en ce jour, et bien que chaque vie qui s'éteigne au nom de l'Empereur soit une tragédie, nous pouvons nous féliciter d'avoir protégé avec succès plus d'un million d'âmes. Ces xenos paieront, et jamais nous ne les pardonneront d'avoir pris cette vie aujourd'hui. Pour l'Empereur...
– Et ses sujets !
Toute l'escouade répondit à l'unisson, et ils se recueillirent pendant une minute. Puis Vrachos se releva. Il avait autre chose à ajouter.
– Bien que la journée d'aujourd'hui ait été éprouvante, vous savez que notre mission n'a pas de fin. J'ai reçu ici une transmission d'un astropathe en provenance d'un système méconnu du nom de Nereus. Je doute qu'aucun d'entre-vous ici ne le connaisse.
Réponse négative dans l'assemblée. Il s'agissait là d'un système mineur qui n'avait sûrement fait l'objet d'aucune intervention d'envergure de la part de l'adeptus Astartes.
– Et bien ce système appartient au girond de l'Empereur-dieu de l'Humanité. Jusqu'à ce que la moindre vie humaine de ce système périsse, il est de notre devoir de leur venir en aide. On nous a signalé des raids eldars noirs sur au moins l'une des planètes de ce système.
La tension monta d'un cran dans l'habitacle.
– C'est notre escouade qui a été chargée d'intervenir sur place. Cinq d'entre-vous se rendront dans ce système à bord d'un croiseur. Votre objectif sera de neutraliser les forces eldars noirs sur place, vous disposerez pour cela de tout l'armement nécessaire. Les dommages collatéraux sont absolument à proscrire, je pense que vous me comprenez. Dans le cas de complications, vous disposerez de la possibilité d'effectuer une demande de renforts. Bien entendu, dès votre mission terminée, je vous demanderai de bien vouloir nous contacter pour que nous vous transmettions nos coordonnées, et vous aurez pour ordre de nous rejoindre au plus vite. Des questions ?
Pas de question.
– Bien. Nous disposons d'images qui nous ont été envoyées par les forces impériales sur place, elles vous permettront d'effectuer un repérage.
Alors qu'il prononçait ces mots, il projeta simultanément les dites-images. Des lieux vides, en assez bon état, mais souillés de multiples traces de la rafle. Vitres brisées, traces de sang, lambeaux de vêtements, symboles xenos.
– Voici le symbole du clan eldar noir qui serait responsable de ces agressions.
Tharos eut un haut-le-corps, et manqua suffoquer. Ses camarades se tournèrent aussitôt vers lui, inquiets, et tentèrent de lui enlever son casque pour lui permettre de mieux respirer. Il les repoussa avec de grands gestes.
– Tout va bien Tharos ?
– Je suis volontaire.
Le croiseur sortit du warp dans un silence terrifiant, émergeant de la faille comme un kraken surgissant des abysses. Le béhémoth d'acier termina de s'extraire de l'immatérium avec l'inertie caractéristique du vide spatial. Imposant, implacable. Inexorable. La faille se referma d'elle-même comme la paupière d'un oeil démoniaque. Ils étaient arrivés. Nereus.
De la position de leur vaisseau, les Salamanders pouvaient apercevoir les 3 planètes habitées du système. Leur première destination serait Demeter, l'agri-monde, car d'après les informations dont ils disposaient, et selon la logique la plus élémentaire, c'était là que leur aide serait la plus nécessaire, puisque les autochtones ne disposaient probablement d'aucun moyen de défense contre leurs agresseurs, tout au plus une ridicule milice qui ne servirait qu'à donner de nouvelles veuves à leur village. Tharos, désigné responsable du groupe d'intervention, avait tranché. Le Thunderhawk décollerait dès qu'ils auraient rassemblé l'équipement nécessaire.
L'arsenal d'un croiseur space marine était toujours un lieu assez « fourni » en matière d'armement et gadgets de tout genre, mais tout particulièrement au sein du chapitre des Salamanders, maîtres forgerons. Un mur entier de l'arsenal était couvert de bolters, armes d'autant plus superflues que jamais un Salamander n'aurait troqué son propre bolter, forgé de ses mains contre une arme standardisé produite en série, fusse sur Mars. Mais d'un autre côté, un Space marine ne crachait jamais sur une arme de rechange, quand bien même elle ne serait pas sienne. Des caisses entières remplies de chargeurs jonchaient le sol sous le râtelier, au point qu'il leur fallut les déplacer pour accéder aux armes spéciales.
Une dizaine de lances-plasma, de lances-flammes et de fuseurs, suffisamment pour équiper intégralement l'escouade de chacune de ces armes terrifiantes. On pouvait aussi y trouver quelques bolters combinés, légèrement en dessous, chacun rangé et étiqueté au nom de son propriétaire. Les armes de maître étaient fréquentes au sein du chapitre, et nombreuses. Celles-ci en faisaient bien évidemment partie. Tharos les ignora sciemment, et empocha son propre lance-flammes, sagement accroché au mur. Pourquoi prendre un substitut ridicule qui ne tirerait qu'une seule fois alors qu'il était si facile de s'équiper de l'original ? En'osi semblait effectivement du même avis, puisqu'il décrocha un fuseur, un lance-plasma et un lance-flamme du râtelier, son propre bolter déjà à la ceinture. Tharos opina du chef. Mieux valait avoir le choix une fois sur place. Ils n'étaient pas à l'abri d'une mauvaise surprise venant de ces crapules d'eldars.
So'tiras entra alors à son tour dans l'arsenal, lentement, comme un Titan warlord surplombant le champs de bataille. Son impressionnante carrure était immédiatement identifiable, dépassant aisément d'une tête ses camarades. Il portait lui aussi un bolter au côté, mais se dirigea vers une autre partie de la pièce d'un pas régulier. Le multi-fuseur sembla ronronner alors qu'il le saisissait de ses puissantes mains. Là aussi, à l'exception qu'il lui fallut effectuer plusieurs allers-retour, le porteur d'arme-lourde se prépara à toute éventualité, emportant lance-flammes lourd, canon à plasma, canon laser, bolter lourd et lance-missile. L'escouade serait vulnérable sans So'tiras pour les couvrir, mais il avait insisté pour faire partie du groupe d'intervention. « Pour sauver les petites fesses de Tharos », disait-il. Ce dernier avait chaleureusement remercié le colosse, mais celui-ci ne l'estimait pas redevable :
– Tharos, nous sommes frères. Protéger sa famille est l'acte le plus sacré que nous puissions accomplir, tu n'as rien d'autre à me rendre que le plaisir de te voir en vie.
– Je trouverai tout de même le moyen de te rendre la pareille, tu as ma parole.
– Pour cela il va falloir te lever tôt ! Allez ouste !
Le tintement de l'acier contre l'acier retentit dans la pièce alors que Xero s'équipait de sa lame de combat. Le space marine était un vétéran dans l'escouade, et il avait plus d'une fois affronté (et vaincu) les eldars noirs. Son expérience, indispensable dans de telles circonstances, l'avait désigné d'office. Les xenos ayant pour prédilection les combats au corps à corps, les armes de mêlée (épée tronçonneuse, marteau tonnerre, et mille autres instruments aptes à réduire en charpie Ses ennemis) allaient se révéler vitales, et le groupe s'empressa d'en ajouter à leur équipement. Les bombes à fusion et autres grenades trouvèrent vite leur place à leur ceinture, ainsi que dans la soute du Thunderhawk.
En'osi se tourna vers Tharos, dubitatif.
– Quel moyen de transport allons-nous utiliser une fois sur place ? Il va nous falloir un véhicule.
– Je pense qu'un Rhino sera adapté à la topographie du terrain. Nous nous poserons en Thunderhawk, et évoluerons au sol à l'aide du tank. L'aéronef nous suivra de près, au cas où nous devrions effectuer une extraction d'urgence.
La réponse du jeune marine sembla satisfaire En'osi, qui hocha la tête en souriant. De quoi évoluer par la voie des airs et par la terre, grande capacité de projection et polyvalence. Rien à redire. Xero lui même n'estima pas nécessaire de faire la moindre remarque. Tharos le prit comme un compliment, et s'autorisa un maigre sourire. Il avait l'esprit contrarié, et ne se sentirait pas mieux avant d'avoir déchiqueté quelques eldars. Un goût amer lui monta à la gorge, et il se sentit pris de nausées. Plusieurs secondes lui furent nécessaires pour récupérer, ce qui ne manqua d'alerter son frère d'arme. Impossible de faire semblant face à quelqu'un qui vit en permanence avec vous, qui vous connaît par cœur, qui sait quand vous allez bien, ou mal, quand vous êtes heureux, ou triste. En'osi ne dit rien, attendit simplement que Tharos daigne briser le silence, incapable de rester muet plus longtemps devant le regard inquisiteur du Space marine :
– Ça va aller mon frère, je tiens encore debout. Ce n'est pas un léger malaise qui va arrêter le poing ganté de fer de l'Empereur, si ?
En'osi poussa un énorme soupir.
– Tharos... Quelque chose ne va manifestement pas, depuis le debriefing tu es ailleurs, et tu sembles en proie à de terribles tourments. Ne viens pas me faire croire que tu vas bien, je sais que tu mens. Que justifie ton trouble ? Est-ce que c'est le souvenir de Thlipsi qui...
– NON ! Enfin... Si, mais... laisse-moi, frère. Nous devons nous préparer. Où est Voi'teia ? J'ai besoin que tout le monde soit prêt dans cinq minutes, cinq minutes ! Allez !
Et il s'engouffra dans le couloir du vaisseau, son armure résonnant au rythme de ses pas au contact du métal froid.
Tharos opina du chef, et fit un pas de côté afin de se rapprocher de son camarade. Il pouvait sentir le feu nourri des fusils laser dans son dos cribler les rangs des xenos alors que les Salamanders formaient un périmètre de sécurité autour des humains. Le nombre de pertes chez les Tyranides était juste ahurissant, les survivants devaient alors non pas enjamber mais escalader les cadavres qui s'entassaient devant eux, leur fournissant hélas un couvert naturel. Cela faisait des heures qu'ils étaient sur l'enclume de la guerre, et pourtant, Tharos savait qu'ils n'affrontaient que l'avant-garde de l'armée tyranide. Il avait déjà eu l'occasion de se battre contre la menace xenos, et tant que les créatures colossales qui formaient le fer de lance de l'assaut n'étaient pas arrivées, on pouvait considérer qu'ils ne faisaient que gaspiller leurs munitions. Mais un Salamander ne tombe à court de Prometheum que dans la mort. Leurs réserves étaient démesurées, et sans doute suffisantes pour endiguer la marée de chitine qui déferlait sur eux.
Ils continuèrent à reculer pour resserrer leurs rangs, et bientôt, les armures énergétiques formèrent un véritable mur de céramite verte, impénétrable. C'est à ce moment là qu'il entendit le grondement sourd des Leman Russ se joindre au concert des bolters. Dans une gerbe de chair brûlée et déchiquetée, le premier tir d'obusier marqua le champs de bataille d'un cratère de plusieurs mètres de diamètre, et fut reçut d'une grande ovation de la part des cadets. Tharos sourit derrière son casque. Le moral était déterminant pour l'armée impériale, bien davantage que pour les spaces-marines, véritables machines de guerre dédiées au combat, et à rien d'autre.
Un cri dans la radio déchira le vacarme des armes à feu, et il tourna la tête vers Vrachos, son Sergent, qui se battait non loin de lui.
– Attention ! Rôdeurs !
Tharos put apercevoir le corps sinueux des créatures fouisseuses fondre sur leur position en esquivant avec agilité les bolts meurtriers. Il réagit dans la seconde :
– Bien reçu. Rupture de formation, couvrez-moi !
Le Salamander posa son bolter encore fumant et avec une impulsion titanesque, se rua en avant. Il dégaîna son lance-flamme en récitant les litanies du Primarque dans sa tête :
« Le feu sacré de l'Empereur purifiera l'âme de ceux qui se sont détourné de lui. »
Le premier Rôdeur s'approcha de lui avec une vitesse stupéfiante, en produisant un sifflement suraigu et particulièrement désagréable que ses filtres audio se dépêchèrent de neutraliser.
« C'est dans le feu offert par Vulkan que les xenos expieront leurs pêchés. »
La langue de feu qui sortit du lance-flamme de Tharos engloutit en une fraction de seconde la créature serpentiforme ! Elle se mit à couiner de douleur en se tortillant pour essayer de se libérer de l'emprise du prometheum, mais le liquide inflammable était étudié pour coller à la peau de sa victime. Le Salamander repoussa la torche vivante d'un coup de pied en plein poitrail, et se prépara à recevoir la charge du deuxième.
« La colère des Space-Marines n'est que le reflet du divin courroux de l'Empereur. »
Le lance-flamme cracha de nouveau sa rage flamboyante sur la bête griffue, mais contrairement à la précédente, le feu ne stoppa pas sa course, et elle se jeta sur le space-marine ! Il esquiva l'attaque en roulant sur le côté, mais lorsqu'il se releva, le monstre était déjà sur lui. Impossible d'utiliser le lance-flamme au corps à corps.
« Pour chaque goutte de sang humain versé, un torrent de sang xenos. »
Il dégaîna sa lame de combat de la main droite, et l'enfonça jusqu'à la garde dans la gorge du Tyranide ! Il effectua un mouvement sec du poignet, et la lame tourna dans la chitine comme dans du beurre, décapitant la créature. Son gantelet comme son arme luisaient de sang tyranide alors qu'il s'éloignait du cadavre encore fumant. Il reprit son arme de prédilection, prêt à incinérer le dernier Rôdeur. Il avait disparu.
Tharos fut soulevé dans les airs avec une force incroyable alors que la créature jaillissait du sol, sous ses pieds ! Il retomba sur le ventre, sonné, et tenta de se redresser alors que tous les voyants de contrôle de son armure viraient au rouge pour lui signaler l'état critique de ses fonctions vitales. Il avait prit un sale coup. Le Rôdeur se jeta sur lui alors qu'il était toujours à terre, impuissant.
Un rayon d'énergie surpuissant passa au dessus de Tharos avec le bruit d'un réacteur impérial ! Le Tyranide fut désintégré purement et simplement, ne laissant que la queue et un moignon d'abdomen qui se tortilla encore au sol pendant quelques secondes avant de se figer dans une rigidité cadavérique. La voix de son frère résonna dans son casque.
– A ton service Tharos.
– Merci So'tiras. Je rejoins la formation.
Il recula lentement vers leur position, veillant à ne jamais tourner le dos aux xenos, tout en les arrosant de prometheum s'ils s'approchaient trop près. La ligne impériale renforcée par l'adeptus Astartes ne pliait pas. Le périmètre de sécurité était inviolable, au point qu'aucun cadavre, xenos ou humain, ne jonchaît le sol dans un rayon d'une trentaine de mètres autour des Salamanders.
– Space-marines, restez vigilants. On nous signale une créature fouisseuse de grande taille sur l'auspex.
– Bien reçu, gardes. Salamanders ! Préparez-vous à faire feu, à mon commandement !
Les mots du capitaine de la deuxième compagnie des Salamanders retentirent dans l'air saturé de métal avec une fermeté caractéristique. En'toli était un capitaine de renom, qui avait dirigé plusieurs assauts sur les forces tyranides dans le secteur. C'était aussi lui qui avait commandé la flotte responsable de la destruction de la flotte ruche, et coordiné la défense des villes humaines sur chacun des mondes infectés. C'était un honneur pour Tharos de se battre à ses côtés pour la deuxième fois. La deuxième compagnie était dispersé pour protéger le maximum de personnes que possible, et malgré cela, les pertes humaines, militaires et civiles confondues, étaient graves. Heureusement, les forces impériales avaient commencé à prendre le dessus sur les Tyranides, et l'adeptus Astartes avait pu commencer à se focaliser sur les positions où la situation était critique. Le champs de bataille où se trouvait Tharos et son escouade, ainsi qu'une seconde escouade tactique, était l'une d'entre-elles. Et c'était là que le capitaine En'toli avait décidé de diriger la résistance.
Alors que les armes lourdes étaient chargées, prêtes à ouvrir le feu, le sol se mit à trembler devant eux, et des dizaines d'insectes xenos furent mis à terre, ou projetés dans les airs par l'onde de choc. Le Canon Thunderfire de leur unité avait commencé à marteler le sol avec ses salves Tremor, et rapidement, le Trygon qu'ils avaient repéré sur l'auspex jaillit du sol, désorienté.
– FEU ! Abattez-moi ce monstre !
Le tonnerre que produisirent les armes lourdes de la garde impériale et des space-marines couvrit tout autre bruit pendant une seconde. La créature pourtant immense expira dans l'instant, et s'écroula sur le sol après avoir encaissé pas moins de deux tirs de multi-fuseur, cinq d'obusier, une dizaine de canon-laser et plus d'une cinquantaine de tirs d'autocanon.
– Thunderhawks, débutez le bombardement, on a une dizaine de créatures de la taille d'un Carnifex sur l'auspex.
– Bien reçu capitaine. Bombardement en cours.
La fureur de l'Empereur se déchaîna sur les pauvres xenos alors que les aéronefs commençaient à pilonner la mer de chitine. Peu à peu, l'assaut se fit plus erratique, moins coordonné au fur et à mesure que les créatures synapse de l'armée tyranide se faisaient abattre. Lorsque la nuit tomba, les cafards survivants s'éparpillaient en tous sens, se cachaient derrière les monticules de cadavres, ou se recroquevillaient sur eux-même comme s'ils voulaient entrer en léthargie. Ici et là, le prometheum continuait de brûler, consumant la chair des xenos, vivants ou morts. Bien qu'il serait nécessaire de maintenir une garde permanente durant plusieurs semaines, la menace était éradiquée.
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Tharos était encore sur place à brûler des corps sans vie ou agonisants, et marchait d'un pas morne au milieu de mares de sang qui lui collait aux pieds. Il passa devant la gigantesque carcasse éventrée d'un xenos de classe Tervigon, et aperçut un Termagant se débattre dans les fluides vitaux de la bête, complètement désorienté. Le Salamander s'approcha de la créature, la saisit contre lui comme il l'aurait fait d'un enfant, et alors qu'elle tentait vainement d'échapper à son étreinte, il lui brisa les cervicales d'un mouvement sec. Tharos laissa retomber le corps inanimé de la bête, qui tomba sur le sol avec un bruit mat. Il resta immobile, à fixer les cadavres autour de lui. Un bruit de pas résonna à ses oreilles, derrière lui. Il enleva son casque, dévoilant une cicatrice blanchâtre qui courait de sa tempe jusqu'à sa machoîre. Ses traits jeunes n'arrivaient pas à cacher l'immense tristesse qui se lisait sur son visage. On posa une main sur son épaule.
– Ne sois pas si sévère avec toi-même. Tu n'y pouvais rien et tu n'es pas responsable.
– Si ce n'est pas la mienne, alors à qui est-ce la faute ? Est-ce la tienne En'osi ? Ou celle de notre capitaine ?
– Personne n'est responsable de cette atrocité. Nous sommes juste là pour y mettre un terme.
En'osi tenta de prendre Tharos par les épaules, mais celui-ci se dégagea.
– Nous sommes tous responsables ! La mort de cet homme aurait pu être évitée. Et pendant que les gardes fêtent notre victoire, une famille pleure sa mort, tout comme des milliers d'autres familles dans ce secteur ! La vie des humains est un don de l'Empereur, il est de notre devoir de la protéger. Nous avons échoué aujourd'hui.
Son frère ôta son casque à son tour, et le regarda avec tendresse. Ses yeux rougeoyants brillaient au milieu de son visage sombre, buriné par le temps.
– Cela aurait pu être bien pire, Tharos, bien pire. Pense à toutes les vies que nous avons protégé en ce jour, et prie pour ceux qui ont rejoint l'Empereur. Nous nous battrons jusqu'à ce que la lueur qui brille au fond de notre coeur s'éteigne, car nous sommes ses fils, la chair de sa chair, et nous protégerons ce qui doit l'être car nous faisons ce qui est juste.
– Pour l'Empereur...
– … et ses Sujets, termina En'osi d'un ton solennel.
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Ils rejoignirent le Thunderhawk qui devait les emmener jusqu'à leur croiseur, en orbite. Le reste de leur escouade les attendait avec la patience propre à leur Primarque. Pas un seul d'entre-eux ne chercha à savoir la raison de leur retard, car tous savaient l'importance que revêtait pour eux la vie d'un homme. Et particulièrement pour Tharos. Ils s'installèrent en silence, puis Vrachos sortit de la cabine pour leur parler. L'aéronef décolla lentement pendant que ses mots résonnaient dans l'habitacle.
– Je suis fier de vous, space-marines. La défense de cette position a été un franc succès, et elle l'a été grâce à vous. Notre capitaine, En'toli, a tenu à ce que je vous félicite tout particulièrement. Il a très apprécié la prestation de notre escouade, et je pense que nous n'avons pas à rougir de notre performance devant notre Primarque, et devant l'Empereur.
Il baissa alors la voix, et reprit d'un ton plus grave :
– Aujourd'hui, nous déplorons la mort du garde répondant au nom de Peter Marco. C'est la seule perte que les xenos nous aient infligée en ce jour, et bien que chaque vie qui s'éteigne au nom de l'Empereur soit une tragédie, nous pouvons nous féliciter d'avoir protégé avec succès plus d'un million d'âmes. Ces xenos paieront, et jamais nous ne les pardonneront d'avoir pris cette vie aujourd'hui. Pour l'Empereur...
– Et ses sujets !
Toute l'escouade répondit à l'unisson, et ils se recueillirent pendant une minute. Puis Vrachos se releva. Il avait autre chose à ajouter.
– Bien que la journée d'aujourd'hui ait été éprouvante, vous savez que notre mission n'a pas de fin. J'ai reçu ici une transmission d'un astropathe en provenance d'un système méconnu du nom de Nereus. Je doute qu'aucun d'entre-vous ici ne le connaisse.
Réponse négative dans l'assemblée. Il s'agissait là d'un système mineur qui n'avait sûrement fait l'objet d'aucune intervention d'envergure de la part de l'adeptus Astartes.
– Et bien ce système appartient au girond de l'Empereur-dieu de l'Humanité. Jusqu'à ce que la moindre vie humaine de ce système périsse, il est de notre devoir de leur venir en aide. On nous a signalé des raids eldars noirs sur au moins l'une des planètes de ce système.
La tension monta d'un cran dans l'habitacle.
– C'est notre escouade qui a été chargée d'intervenir sur place. Cinq d'entre-vous se rendront dans ce système à bord d'un croiseur. Votre objectif sera de neutraliser les forces eldars noirs sur place, vous disposerez pour cela de tout l'armement nécessaire. Les dommages collatéraux sont absolument à proscrire, je pense que vous me comprenez. Dans le cas de complications, vous disposerez de la possibilité d'effectuer une demande de renforts. Bien entendu, dès votre mission terminée, je vous demanderai de bien vouloir nous contacter pour que nous vous transmettions nos coordonnées, et vous aurez pour ordre de nous rejoindre au plus vite. Des questions ?
Pas de question.
– Bien. Nous disposons d'images qui nous ont été envoyées par les forces impériales sur place, elles vous permettront d'effectuer un repérage.
Alors qu'il prononçait ces mots, il projeta simultanément les dites-images. Des lieux vides, en assez bon état, mais souillés de multiples traces de la rafle. Vitres brisées, traces de sang, lambeaux de vêtements, symboles xenos.
– Voici le symbole du clan eldar noir qui serait responsable de ces agressions.
Tharos eut un haut-le-corps, et manqua suffoquer. Ses camarades se tournèrent aussitôt vers lui, inquiets, et tentèrent de lui enlever son casque pour lui permettre de mieux respirer. Il les repoussa avec de grands gestes.
– Tout va bien Tharos ?
– Je suis volontaire.
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Le croiseur sortit du warp dans un silence terrifiant, émergeant de la faille comme un kraken surgissant des abysses. Le béhémoth d'acier termina de s'extraire de l'immatérium avec l'inertie caractéristique du vide spatial. Imposant, implacable. Inexorable. La faille se referma d'elle-même comme la paupière d'un oeil démoniaque. Ils étaient arrivés. Nereus.
De la position de leur vaisseau, les Salamanders pouvaient apercevoir les 3 planètes habitées du système. Leur première destination serait Demeter, l'agri-monde, car d'après les informations dont ils disposaient, et selon la logique la plus élémentaire, c'était là que leur aide serait la plus nécessaire, puisque les autochtones ne disposaient probablement d'aucun moyen de défense contre leurs agresseurs, tout au plus une ridicule milice qui ne servirait qu'à donner de nouvelles veuves à leur village. Tharos, désigné responsable du groupe d'intervention, avait tranché. Le Thunderhawk décollerait dès qu'ils auraient rassemblé l'équipement nécessaire.
L'arsenal d'un croiseur space marine était toujours un lieu assez « fourni » en matière d'armement et gadgets de tout genre, mais tout particulièrement au sein du chapitre des Salamanders, maîtres forgerons. Un mur entier de l'arsenal était couvert de bolters, armes d'autant plus superflues que jamais un Salamander n'aurait troqué son propre bolter, forgé de ses mains contre une arme standardisé produite en série, fusse sur Mars. Mais d'un autre côté, un Space marine ne crachait jamais sur une arme de rechange, quand bien même elle ne serait pas sienne. Des caisses entières remplies de chargeurs jonchaient le sol sous le râtelier, au point qu'il leur fallut les déplacer pour accéder aux armes spéciales.
Une dizaine de lances-plasma, de lances-flammes et de fuseurs, suffisamment pour équiper intégralement l'escouade de chacune de ces armes terrifiantes. On pouvait aussi y trouver quelques bolters combinés, légèrement en dessous, chacun rangé et étiqueté au nom de son propriétaire. Les armes de maître étaient fréquentes au sein du chapitre, et nombreuses. Celles-ci en faisaient bien évidemment partie. Tharos les ignora sciemment, et empocha son propre lance-flammes, sagement accroché au mur. Pourquoi prendre un substitut ridicule qui ne tirerait qu'une seule fois alors qu'il était si facile de s'équiper de l'original ? En'osi semblait effectivement du même avis, puisqu'il décrocha un fuseur, un lance-plasma et un lance-flamme du râtelier, son propre bolter déjà à la ceinture. Tharos opina du chef. Mieux valait avoir le choix une fois sur place. Ils n'étaient pas à l'abri d'une mauvaise surprise venant de ces crapules d'eldars.
So'tiras entra alors à son tour dans l'arsenal, lentement, comme un Titan warlord surplombant le champs de bataille. Son impressionnante carrure était immédiatement identifiable, dépassant aisément d'une tête ses camarades. Il portait lui aussi un bolter au côté, mais se dirigea vers une autre partie de la pièce d'un pas régulier. Le multi-fuseur sembla ronronner alors qu'il le saisissait de ses puissantes mains. Là aussi, à l'exception qu'il lui fallut effectuer plusieurs allers-retour, le porteur d'arme-lourde se prépara à toute éventualité, emportant lance-flammes lourd, canon à plasma, canon laser, bolter lourd et lance-missile. L'escouade serait vulnérable sans So'tiras pour les couvrir, mais il avait insisté pour faire partie du groupe d'intervention. « Pour sauver les petites fesses de Tharos », disait-il. Ce dernier avait chaleureusement remercié le colosse, mais celui-ci ne l'estimait pas redevable :
– Tharos, nous sommes frères. Protéger sa famille est l'acte le plus sacré que nous puissions accomplir, tu n'as rien d'autre à me rendre que le plaisir de te voir en vie.
– Je trouverai tout de même le moyen de te rendre la pareille, tu as ma parole.
– Pour cela il va falloir te lever tôt ! Allez ouste !
Le tintement de l'acier contre l'acier retentit dans la pièce alors que Xero s'équipait de sa lame de combat. Le space marine était un vétéran dans l'escouade, et il avait plus d'une fois affronté (et vaincu) les eldars noirs. Son expérience, indispensable dans de telles circonstances, l'avait désigné d'office. Les xenos ayant pour prédilection les combats au corps à corps, les armes de mêlée (épée tronçonneuse, marteau tonnerre, et mille autres instruments aptes à réduire en charpie Ses ennemis) allaient se révéler vitales, et le groupe s'empressa d'en ajouter à leur équipement. Les bombes à fusion et autres grenades trouvèrent vite leur place à leur ceinture, ainsi que dans la soute du Thunderhawk.
En'osi se tourna vers Tharos, dubitatif.
– Quel moyen de transport allons-nous utiliser une fois sur place ? Il va nous falloir un véhicule.
– Je pense qu'un Rhino sera adapté à la topographie du terrain. Nous nous poserons en Thunderhawk, et évoluerons au sol à l'aide du tank. L'aéronef nous suivra de près, au cas où nous devrions effectuer une extraction d'urgence.
La réponse du jeune marine sembla satisfaire En'osi, qui hocha la tête en souriant. De quoi évoluer par la voie des airs et par la terre, grande capacité de projection et polyvalence. Rien à redire. Xero lui même n'estima pas nécessaire de faire la moindre remarque. Tharos le prit comme un compliment, et s'autorisa un maigre sourire. Il avait l'esprit contrarié, et ne se sentirait pas mieux avant d'avoir déchiqueté quelques eldars. Un goût amer lui monta à la gorge, et il se sentit pris de nausées. Plusieurs secondes lui furent nécessaires pour récupérer, ce qui ne manqua d'alerter son frère d'arme. Impossible de faire semblant face à quelqu'un qui vit en permanence avec vous, qui vous connaît par cœur, qui sait quand vous allez bien, ou mal, quand vous êtes heureux, ou triste. En'osi ne dit rien, attendit simplement que Tharos daigne briser le silence, incapable de rester muet plus longtemps devant le regard inquisiteur du Space marine :
– Ça va aller mon frère, je tiens encore debout. Ce n'est pas un léger malaise qui va arrêter le poing ganté de fer de l'Empereur, si ?
En'osi poussa un énorme soupir.
– Tharos... Quelque chose ne va manifestement pas, depuis le debriefing tu es ailleurs, et tu sembles en proie à de terribles tourments. Ne viens pas me faire croire que tu vas bien, je sais que tu mens. Que justifie ton trouble ? Est-ce que c'est le souvenir de Thlipsi qui...
– NON ! Enfin... Si, mais... laisse-moi, frère. Nous devons nous préparer. Où est Voi'teia ? J'ai besoin que tout le monde soit prêt dans cinq minutes, cinq minutes ! Allez !
Et il s'engouffra dans le couloir du vaisseau, son armure résonnant au rythme de ses pas au contact du métal froid.
Dernière édition par Akaru le Dim 2 Mar - 22:07, édité 1 fois
